Kago Shintaro est ce qu’on peut appeler un ovni dans le paysage du manga japonais. Glauque, gore, souvent frôlant l’absurde, son univers bien trash et frappé n’est pas conseillé à toutes les âmes, surtout les plus sensibles, mais pour ceux qui se sentent le courage et les tripes de s’aventurer sur ce chemin je vous assure que vous n’allez pas vous ennuyer.
Né en 1969 Kago s’inscrit dans le genre du manga guro (en gros c’est un genre de manga qui mélange érotisme et horreur, on peut très fortement rapprocher le mot guro du mot gore comme vous pouvez le voir) la plupart du temps, mais si il a à quelques occasion trancher avec ce style si particulier pour tenter d’autres choses, mais je ne vous en parlerais que très peu voire pas du tout dans cet article car je suis beaucoup plus familier avec son style habituel qui mélange grotesque, absurde, hémoglobine, transformation corporel et j’en passe et des meilleurs.
Pour les plus néophytes d’entre vous, le nom de Kago Shintaro ne vous dit sûrement rien, et franchement je pense que même si vous n’êtes pas néophyte il est fort possible que vous n’en ayez jamais entendu parler. Et pourtant… Et pourtant il dispose tout de même d’une bonne popularité et d’une certaine reconnaissance dans le milieu, ce n’est donc pas un total inconnu, juste un artiste… que j’aimerais que plus de personnes connaisse car ce qu’il fait est souvent cool.
Je vous parlerais rapidement de quelques unes de ses œuvres un peu plus loin, pour le moment parlons un peu du manga du jour : Paranoia Street.
Paranoia Street c’est, on va dire, mon œuvre préféré de Kago, et sachant que j’adore tout ce qu’il fait, c’est dire beaucoup. Le fait que je commence mes articles par ce manga montre aussi à quel point j’attache de l’importance à ce manga en particulier.
L’histoire de Paranoia Street suit les aventures d’un jeune détective un peu raté et de son assistante psychopathe alors qu’ils voyagent à travers le Japon à la recherche de travail. Un scénario qui peut sembler banal et ennuyeux, sauf que ce détective joue de malchance et ne tombe que sur des villes étranges et célèbres pour leurs étrangetés. Entre la ville du temps, connu pour avoir sa propre notion de l’heure, la ville des tuyaux, où les habitants ne se nourrissent que par des tuyaux ou la ville à l’envers où tout le monde vit la tête en bas, le détective et le lecteur par la même occasion va être amené à vivre des aventures absurdes et improbables, tout en critiques fines et en délires trash et drôles.
Le manga se décompose en une suite de petites histoires d’un chapitre, indépendants les uns des autres. Il y a aussi un (très) léger fil rouge avec la présence de quelques personnages récurrents et qui interviennent dans plusieurs histoires même si c’est globalement épisodique.
Pourquoi ce manga ? Pour l’ambiance unique qu’on peut y trouver. Toutes les histoires sont loufoques, improbables et se finissent de manière inattendue et souvent assez drôles (ne vous attendez quand même pas à un festival d’humour non plus, à part si vous raffolez comme moi d’humour noir). Il y a très peu d’artistes qui ont osés de travailler sur ce terrain glissant de mélange entre guro et comédie et le résultat bien que détonnant est vraiment agréable à lire si vous ne craignez pas trop les images un peu dégueux (juste un peu) et les idées et les designs un peu dérangeantes (par exemple si vous ne pouvez pas voir un cadavre en décomposition, cette œuvre n’est clairement pas pour vous).
Si vous n’avez jamais lu Paranoia Street et que le pitch vous intrigue je vous conseille donc très vivement d’essayer de trouver un moyen de lire quelques chapitres et peut-être, qui sait, rejoindre la communauté de fans de cet étrange œuvre. C’est tout le mal que je vous souhaite.
Kago a publié beaucoup de mangas durant sa carrière, et j’ai presque envie de dire que toutes ses œuvres sont agréables à lire, ou du moins intéressantes à lire.
Bon avouons le quand même, il y a des œuvres que je trouve meilleures que d’autres. Par exemple son essai de manga mélangeant ésotérisme, guro et mystère et qui peut se trouver sous le nom de Anamorphosis (trouvable dans le tome du nom de Anamorphosis no Meijuu) n’est pas… vraiment ce que je trouve de plus réussi entre toutes ses histoires. Mais même cette histoire et ce recueil présente des idées intéressantes, et une ambiance sympathique à suivre.
Je ne dis pas que toutes les œuvres de Kago vont vous plaire, ni même une seule de ses œuvres en fait, son univers est très particulier et ne peut donc pas plaire à tout le monde, mais il est toujours possible d’essayer et de voir ce que ça donne. Clairement ce n’est pas l’auteur par lequel il faut commencer le manga guro, même pour ce style Kago est un véritable ovni tellement ce qu’il fait est étrange, alors pourquoi en parler comme ça, pour mon premier article ? Seulement pour les amateurs de manga guro et les connaisseurs de Kago ? Je ne sais pas.
Ce qui est sûr c’est que vous pouvez toujours essayé.
Et qui sait, peut être que vous tomberez vous aussi amoureux de cet auteur atypique et de son univers déjanté.
PS : Paranoia Agent est surement son œuvre la plus abordable. Sans compter son œuvre de science-fiction qui n’a rien à voir avec son style habituel, ou presque. Donc si vous voulez commencer à découvrir Kago c’est surement l’œuvre la plus conseillée pour le faire.
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